Comment se manifeste la crise d’épilepsie chez le chat ?

crise d'épilepsie chez le chat

Les formes de crise d’épilepsie chez le chat ont été caractérisées grâce aux études réalisées chez l’homme. Les expressions de l’épilepsie sont nombreuses, et découlent de la localisation et de l’extension de la décharge électrique anormale dans le cerveau. Toutefois, leur déroulement suivra toujours un schéma précis, propre uniquement à l’épilepsie.

Les trois phases d’une crise d’épilepsie

Une crise typique/classique d’épilepsie se déroule en trois phases distinctes : la phase d’aura, l’ictus et la phase post-ictale.

La phase d’aura

La phase d’aura est une phase correspondant à la perception de la survenue proche de la crise chez l’homme. Elle se caractérise par de l’anxiété et de l’agitation pouvant durer quelques heures à plusieurs jours.

Chez le chat, cette phase est souvent difficilement objectivable soit parce qu’elle est absente, soit parce que les signes sont trop discrets pour être détectés. Quand elle est présente, la phase d’aura chez le chat se caractérise par un animal inquiet ou nerveux, à la recherche d’un contact constant avec ses maîtres ou bien fuyant la présence humaine et s’isolant.

L’ictus

L’ictus est la deuxième phase de l’épilepsie et correspond à la crise en elle-même, où se déclare l’épisode d’activité anormale du cerveau. Elle dure beaucoup moins longtemps que la phase d’aura : entre 1 et 5 minutes.

La phase post-ictale

Dernière phase de la crise d’épilepsie, la phase post-ictale correspond à une phase de récupération consécutive à l’épuisement cérébral provoqué par la crise.

Lors de la phase post-ictale, le chat peut être fatigué, prostré, en état de confusion. Il peut aussi être désorienté, anxieux voire parfois agressif. Certains chats vont avoir une prise de boisson et de nourriture augmentées. L’épuisement cérébral suite à la crise peut être parfois plus important et engendrer des troubles de la démarche et de l’équilibre, voire une perte de vision temporaire.

La durée de la phase post-ictale est variable selon les chats de quelques minutes à plusieurs jours.

Les différents types de crise d’épilepsie

Selon les individus, l’expression clinique de l’épilepsie peut être différente. On distingue généralement deux grands types de crises.

Crises partielles ou focales

Les crises partielles sont la manifestation clinique d’un foyer épileptogène localisé. Une seule ou plusieurs zones du cerveau sont concernées. En fonction des régions cérébrales impliquées, les répercussions peuvent être motrices, comportementales et/ou concerner l’activité du système nerveux autonome. En général, ces crises durent également quelques minutes.

Certains auteurs qualifient ces crises partielles de simples si l’état de conscience n’est pas altéré, et de complexes dans le cas contraire.

Les crises partielles constituent l’expression clinique dominante de l’épilepsie idiopathique chez le chat. Elles s’expriment de multiples façons : conscience altérée (regard dans le vide, prostration), atteinte d’un ou plusieurs muscles (mouvement répété d’un ou plusieurs membres, tête penchée, mâchonnements, contraction des muscles de la face,…), hypersalivation, dilatation des pupilles, tremblements, modification du comportement (chasse de mouches imaginaires, miaulements, hurlements, course sans but ou après sa queue,…). Une étude réalisée en 2010 démontrait qu’un chat manifestant ces crises d’épilepsie par des courses folles était plus susceptible de souffrir d’épilepsie idiopathique. Attention, cela ne signifie pas non plus que tous les chats ayant un « quart d’heure de folie » sont épileptiques. Il faut que cette course exaltée ne soit pas juste un jeu mais accompagnée d’une vraie absence (conscience altérée).

Ce type de crise est également souvent rencontré lors d’épilepsie secondaire ayant pour origine une atteinte intracrânienne localisée (tumeur, traumatisme, accident vasculaire,…).

Selon les signes exprimés, les crises partielles peuvent ne pas être très visibles et ne pas être identifiées par les propriétaires comme des crises épileptiformes. Il est donc possible que le nombre de chats souffrant d’épilepsie idiopathique soient sous-estimé.

https://www.youtube.com/watch?v=yibjrie1e_E

Crises généralisées

Les crises d’épilepsie généralisées sont dues à une activité électrique anormale impliquant l’ensemble du cerveau et dont les manifestations vont concerner l’ensemble du corps de l’animal. Leur expression peut être très impressionnante et violente lors de crise d’épilepsie chez le chat. Pour un animal donné, elles se déroulent en général toujours de la même manière d’une crise à une autre. Ce type de crise peut également se rencontrer sur un chat souffrant d’épilepsie secondaire et d’encéphalopathie réactive.

Crises de « grand mal »

Les crises généralisées sont souvent des crises dites de « grand mal ». Elles intéressent l’ensemble du corps et s’accompagnent d’une perte de conscience.

Ce type de crise d’épilepsie dure généralement de quelques secondes à quelques minutes (2 à 3 minutes en moyenne). Une durée relativement brève mais pouvant être perçue comme étant beaucoup plus longue par le propriétaire.

Lors de la crise, l’animal perd tout d’abord conscience et se couche sur le côté. S’ensuit une activité motrice bilatérale intense, caractérisée dans 80 % des cas par des crises de type tonique-clonique ou tonico-clonique. Ces crises consistent en une succession de contractions musculaires généralisées (phase tonique), l’animal pouvant être en opisthotonos (position avec les membres rigides et la tête rejetée en arrière), suivies de mouvements musculaires rythmiques (phase clonique) au cours de laquelle le chat présente un mouvement de pédalage des membres, des mâchonnements et des claquements des mâchoires.

Cette activité motrice peut être accompagnée de stimulations du système nerveux autonome. Elles s’expriment alors par une hypersalivation, une miction (émission d’urine), une défécation, une mydriase (dilatation de la pupille), une respiration irrégulière ou des apnées.

Selon les animaux, les manifestations de ces crises généralisées pourront être différentes. Néanmoins, ce type de crise est souvent violent et impressionnant chez le chat, l’animal se projetant dans les airs.

https://www.youtube.com/watch?v=XWbNEKvJZ0M

https://www.youtube.com/watch?v=tXCS3rR8d4w

Crises de « petit mal »

Chez l’homme, il a également été mis en évidence des crises généralisées de « petit mal » ou crises d’absence. Contrairement aux crises de « grand mal », il n’y a pas de perturbation de l’activité motrice mais uniquement une perte de contact avec l’environnement. Elles existeraient également chez les carnivores domestiques, mais sont mal documentées. En fonction des auteurs, les crises de « petit mal » chez les carnivores domestiques seraient caractérisées par des troubles de la vigilance brefs ou bien par une altération de la conscience et un arrêt de la fonction motrice très courts qui ne conduiront pas forcément l’animal à se coucher. Ces crises seraient rares et/ou sont difficiles à détecter à cause de leur brièveté et de la discrétion des signes.

Etat épileptique

La fréquence de déclenchement des crises est très variable selon le chat considéré.

On parle de crises isolées lorsqu’elles sont séparées d’au moins 24 heures. Si plusieurs crises se déclenchent sur une période de 24 heures et qu’il y a une phase complète de récupération (phase post-ictale) avec retour à un état de conscience normal entre chacune, les crises sont qualifiées de groupées. Lorsque les crises se succèdent avec une fréquence élevée pendant plus de 20 à 30 min, sans réel retour à un état normal entre les crises, ou si la crise dure plus de 10 minutes, le chat est en état de mal épileptique ou status epilepticus. L’état de mal épileptique constitue une urgence médicale et nécessite que l’animal soit conduit sans délai chez le vétérinaire pour une prise en charge adaptée et rapide.

 

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