Observer et surveiller au quotidien le risque de crises d’épilepsie

épilepsie du chat

Un chat épileptique demande au propriétaire de l’observer et de le surveiller de manière accrue afin d’éviter au maximum la survenue de crises d’épilepsie et de repérer toute modification de la réponse au traitement.

Reconnaître et éviter les facteurs déclenchants de crises

Dans le cas de l’épilepsie idiopathique, on ne connaît pas ou on ne peut mettre en évidence l’origine du déclenchement de l’activité électrique anormale du cerveau. Il est donc difficile d’expliquer l’apparition spontanée des manifestations épileptiformes, la grande majorité d’entre elles survenant de plus lorsque l’animal est endormi ou au repos. Mais chez certains chats il est possible d’identifier un lien entre des facteurs intrinsèques (fatigue, stress, nervosité, anxiété, chaleurs…) et la survenue des crises d’épilepsie. Parmi les facteurs favorisants, on retrouve notamment une activité physique intense ou prolongée, un stress lié au bruit des pétards ou à l’orage…Certains chats déclenchent même des crises d’épilepsie suite à l’entente d’un son provenant d’un objet de la vie quotidienne. Les crises peuvent aussi se déclencher sans qu’aucun facteur favorisant ne soit mis en évidence, mais cela n’exclut pas qu’un stimulus soit à l’origine de la crise.

Il convient donc, dans la mesure du possible, d’identifier les facteurs favorisant les crises d’épilepsie pour en soustraire le chat au maximum. Cela pourra, par exemple, être de veiller à ne pas jouer avec le chat pendant trop longtemps, ou avec trop d’agitation et d’être capable de s’arrêter dès l’apparition de modifications du comportement pouvant être un signe précurseur de crise. Si l’animal déclenche des crises d’épilepsie pendant les orages, l’idéal sera de le placer dans une pièce comportant une bonne isolation phonique. Généralement, les propriétaires prennent des mesures spontanément, mais en cas de doute, il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès du vétérinaire qui pourra donner des conseils supplémentaires. Une mesure à prendre chez les chattes épileptiques est de les faire stériliser car les crises sont plus fréquentes et plus intenses au moment des chaleurs et la gestation chez les femelles épileptiques est fortement déconseillée (cf. La gestation de la chatte épileptique).

Dans le cas d’un chat souffrant d’épilepsie secondaire ou d’encéphalopathie réactive, certaines mesures devront être prises pour limiter la survenue des crises d’épilepsie et pourront être différentes selon l’affection à l’origine de l’épilepsie (cf. Quelles sont les origines de l’épilepsie féline ?). Néanmoins, la connaissance de l’origine de l’épilepsie, contrairement à l’épilepsie idiopathique, permet de mieux cibler les mesures à appliquer. Selon les cas, elles pourront être identiques à celles adoptées pour l’épilepsie idiopathique. Mais elles seront parfois insuffisantes ou inadaptées. Par exemple, pour certaines formes d’encéphalopathies réactives, pour lesquelles l’alimentation peut être un facteur favorisant la survenue des crises, le vétérinaire recommandera quelques mesures d’hygiène alimentaire pour limiter la survenue des crises. Ainsi, pour les encéphalopathies réactives causées par une encéphalose hépatique, une ration riche de protéines augmente le risque d’hyperammoniémie (augmentation du taux d’ammoniaque dans le sang) à l’origine des crises. Il sera donc conseillé un régime hypoprotéique. Si l’encéphalopathie réactive est consécutive à une hypoglycémie causée par un insulinome (tumeur pancréatique sécrétant de l’insuline), la ration alimentaire devra être plus riche en sucres lents et fractionnée en 3 à 4 repas par jour, pour assurer une relative stabilité du taux de glucose dans le sang sur la journée.

Assurer le suivi des crises et de la réponse au traitement

La mission inévitable pour la plupart des propriétaires d’animaux souffrant d’épilepsie idiopathique est de bien lui donner son traitement antiépileptique. Celui-ci doit généralement être administré deux fois par jour de manière rigoureuse, le mauvais suivi du traitement constituant la principale cause de son inefficacité.

Toutefois, malgré un suivi rigoureux du traitement, il arrive que les crises réapparaissent au fil du temps. Afin de pouvoir constater rapidement les baisses d’efficacité du traitement, il est important que le propriétaire tienne régulièrement à jour un carnet de bord, qu’il peut se procurer directement chez son vétérinaire (ou via le dépliant « Vivre avec un chien épileptique »), afin de réaliser un suivi régulier des troubles de son chat. Le module « Suivi des crises » permet également à tout propriétaire d’animal épileptique de compléter le profil de son chat et de noter de manière simple et rapide tous les éléments en rapport avec son épilepsie.

Plusieurs critères sont importants à noter. Tout d’abord, si le chat déclenche encore des crises, il conviendra de les décrire. Devront être renseignés :

L’idéal est de pouvoir filmer le chat avant, pendant et après la crise. Ces films constituent une aide précieuse pour le vétérinaire car ils lui permettent de caractériser au mieux les crises. Chronométrer les crises est utile pour plusieurs choses. Cela permet dans un premier temps au propriétaire de se rassurer quant à la durée réelle des crises, celles-ci étant souvent perçues comme beaucoup plus longues. Cela permet aussi de savoir quand la crise est trop longue et qu’il convient d’amener le chat chez le vétérinaire. Toutes les différentes informations recueillies devront être datées et classées pour faciliter le suivi du chat par le vétérinaire.

Si d’autres troubles sont présentés par le chat en parallèle de son épilepsie, ils devront également être indiqués. Il peut s’agir de troubles :

  • Métaboliques (vomissements, etc.)
  • Locomoteurs (démarche anormale, etc.)
  • Neurologiques (troubles de la vision, etc.)
  • Comportementaux (désorientation, etc.)
  • ou autres.

Pour chaque trouble observé, une description aussi précise que possible est nécessaire : expression, durée, date d’apparition, fréquence, etc.

Après avoir constitué et complété ce dossier, le propriétaire peut se rendre à son rendez-vous chez le vétérinaire avec tous les éléments importants à lui communiquer et ainsi ne pas omettre d’informations qui pourraient se révéler essentielles pour le diagnostic ou l’ajustement du traitement.

L’épilepsie secondaire et l’encéphalopathie réactive requièrent également l’administration régulière d’un traitement antiépileptique et/ou symptomatique, selon l’affection en cause. La tenue d’un carnet de bord sera également très utile.

Gérer les crises d’épilepsie du chat

Une autre mission importante du propriétaire d’un chat épileptique est d’apprendre à gérer les crises de son animal. L’objectif est double : il faut assurer la sécurité du chat et des personnes présentes et le mettre dans les meilleures conditions possibles pour que la crise prenne fin et ne récidive pas (cf. Rubrique Que faire en cas de crise ?). Il faut également apprendre à repérer les situations d’urgence nécessitant une prise en charge du chat par le vétérinaire.

Une crise typique d’épilepsie est de courte durée, de l’ordre de quelques secondes à 2 ou 3 minutes. Mais elles peuvent sembler beaucoup plus longues pour le propriétaire qui y assiste.

Après la crise, une période de récupération (phase post-ictale) pouvant durer de quelques minutes à quelques heures est nécessaire pour la plupart des animaux. Le chat peut alors être dans un état de prostration, de confusion. Il peut aussi sembler désorienté et anxieux et montrer de l’agressivité ; une altération de la démarche ou de l’équilibre peuvent aussi être observés. Pendant cette phase, le chat doit rester au calme, jusqu’à ce qu’il retrouve un état normal. Les accès à l’extérieur devront être fermés pour éviter qu’il ne se retrouve sur la voie publique en état de confusion. Tout doit être fait pour que l’animal soit dans un environnement sécuritaire et non susceptible de déclencher une nouvelle crise.

Une crise isolée, de courte durée, n’a pas de conséquence importante pour la santé du chat. Il n’y a donc pas besoin de réaliser une visite systématique chez le vétérinaire si un diagnostic d’épilepsie idiopathique a déjà été établi. En revanche, dans le cas d’un animal qui n’aurait jamais présenté de crises auparavant, il est préférable de demander une consultation chez le vétérinaire qui recherchera la cause de ces crises.

Dans certains cas, la crise se prolonge pendant 5 à 10 minutes voire plus, ou l’animal déclenche plusieurs crises d’épilepsie qui s’enchaînent à une telle fréquence qu’il n’a pas le temps de récupérer entre 2 crises et peut alors ne pas reprendre conscience. Ces situations constituent ce que l’on appelle un état de mal épileptique et nécessitent que le chat soit amené d’urgence chez le vétérinaire pour une prise en charge rapide. En effet, s’il n’est pas stoppé, l’état de mal épileptique peut conduire au développement de lésions nerveuses graves et irréversibles, pouvant même entraîner la mort du chat.

Lorsqu’un animal est en état de mal épileptique, il faut prévenir la clinique de son arrivée imminente pour permettre une prise en charge rapide dès son arrivée. Si le chat est en période de crise lors du transport, des mesures doivent être prises pour prévenir tout risque de blessure de l’animal et du conducteur et éviter qu’il ne soit à l’origine d’un accident. Il faut bien évidemment mettre le chat dans sa boîte de transport, si possible bien protégée avec des coussins/couvertures pour éviter que l’animal ne se blesse. Pour les chats suivis pour épilepsie idiopathique ayant eu des antécédents de crises groupées, prolongées ou qui se succèdent sans permettre la récupération de l’animal entre les crises, le vétérinaire pourra proposer au propriétaire d’administrer lui-même, à domicile, un anticonvulsivant lors des crises. Il devra alors être administré par voie intra-rectale, en respectant les indications du vétérinaire (dose, délai entre 2 administrations éventuelles). Dans les cas où ce traitement se révèle insuffisant, il permettra tout de même une amélioration permettant d’assurer un transport en urgence chez le vétérinaire dans de meilleures conditions et de réduire le risque de lésions cérébrales graves.

Les crises rencontrées lors d’épilepsie secondaire ou d’encéphalopathie réactive sont souvent moins typiques que lors d’épilepsie idiopathique. Elles diffèreront selon l’affection sous-jacente, son stade d’évolution, … Il conviendra donc de bien suivre les recommandations au cas par cas du vétérinaire sur la conduite à tenir par le propriétaire en cas de crise de son animal.

Pour ces types d’épilepsie, les 3 objectifs (assurer la sécurité de l’animal et des personnes, favoriser l’arrêt de la crise et éviter les récidives) et la plupart des actions décrites précédemment restent valables. Mais selon les cas, certains gestes spécifiques supplémentaires seront souhaitables ou, au contraire, certaines mesures utiles pour la gestion des crises d’épilepsie idiopathique seront à proscrire. Par exemple, pour un chat souffrant de crises épileptiformes causées par une hypoglycémie, il sera bénéfique de lui faire ingérer des sucres rapides (sucre, miel, confiture), dès qu’il est en capacité de les absorber, afin de prévenir la survenue d’une nouvelle crise. Lors d’encéphalopathie réactive consécutive à une encéphalose hépatique, l’administration d’un anticonvulsivant au domicile qui est parfois indiquée lors d’épilepsie idiopathique sera contre-indiquée et l’animal devra être amené, sans délai, chez le vétérinaire pour un traitement d’urgence.

Vigilance en cas de changement de vétérinaire

Certains médicaments peuvent interférer avec le traitement antiépileptique et d’autres peuvent favoriser le déclenchement de crises d’épilepsie (notamment certains anesthésiques). Par conséquent, lorsque le chat est amené en consultation chez un vétérinaire ne connaissant pas ses antécédents épileptiques, il faudra l’informer et lui préciser le ou les traitements en cours. Si l’épilepsie est de type épilepsie structurelle ou encéphalopathie réactive, il conviendra également de signaler l’affection qui en est à l’origine. En effet, certains traitements ont des effets secondaires qui peuvent aggraver l’affection à l’origine de l’épilepsie. Par exemple, les molécules devant subir une transformation dans le foie sont généralement déconseillées ou contre-indiquées lors d’insuffisance hépatique à l’origine d’une encéphalose hépatique aboutissant à une encéphalopathie réactive.

 

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