Delphine G.

Vous soulevez effectivement un point très intéressant qui montre la complexité de la prise en charge de l’épilepsie animale. L’épilepsie du chien ou du chat est différente de l’épilepsie humaine, à la fois dans son origine mais aussi dans sa prise en charge. La gravité de l’épilepsie, son évolution et son expression vont varier en fonction de la race du chien ou du chat. La réponse au traitement est également différente selon les races et l’origine de l’épilepsie. Quand chez l’homme, on ne peut pas tolérer l’apparition de crises épileptiques car cela représente un réel handicap au quotidien (travail, transports, etc.) voire cela peut être dangereux si une crise arrive en conduisant par exemple, chez l’animal il peut être acceptable d’avoir des crises quelques fois par an. A l’heure actuelle, il existe, en médecine vétérinaire, 3 molécules pouvant être utilisées comme traitement initial. Chaque animal réagit différemment à ces molécules, c’est pourquoi il n’y a pas d’unanimité au niveau du choix de traitement. Il existe des recommandations publiées pour indiquer quand initier le traitement antiépileptique : il y a quelques années, il était recommandé de commencer dès la 1ère crise. Maintenant, la médecine a évolué, et nous nous sommes rendus compte que certaines épilepsies pouvaient rester stables à des fréquences de crise très basses (1-2 fois par an) voire disparaître spontanément. Depuis fin 2015-début 2016, la recommandation est maintenant de mettre en place le traitement dès l’apparition d’une deuxième crise en moins de 6 mois. Cette recommandation reste très théorique car elle doit être adaptée à chaque animal. On peut se permettre d’attendre la deuxième crise ou plus dans le cas d’un Caniche, car dans cette espèce, on commence à savoir que l’épilepsie est souvent plus légère et facile à contrôler alors que dans le cas d’un Berger Australien, on n’attendra pas forcément la deuxième crise, cette race étant sujette à une épilepsie grave et évolutive. De même, face à un animal présentant des signes “dangereux” post-crise, le vétérinaire pourra décider de mettre en place un traitement le plus vite possible.

La recherche dans le domaine de l’épilepsie animale en est seulement à ses balbutiements : les spécificités raciales sont très peu connues et il n’est pas encore possible d’établir des profils d’épilepsie selon les races, avec la prise en charge optimale.

Pour conclure, en médecine vétérinaire, les enjeux ne sont donc pas les mêmes qu’en médecine humaine et il est impossible d’appliquer une médecine “générale” : chaque cas doit être traité spécifiquement en fonction de l’animal (âge, race, tempérament, etc.), de son mode de vie, de l’attente des propriétaires et de la capacité de ceux-ci à pouvoir mettre en place un traitement quotidien sur le long terme (tant au niveau financier qu’au niveau implication dans la prise en charge).